Avec les années, l’utilisation du glyphosate a considérablement augmenté par la combinaison de plusieurs facteurs dont deux très importants: l’introduction de végétaux modifiés génétiquement pour résister à l’herbicide et l’utilisation de plus en plus généralisée du glyphosate au moment des récoltes.
Introduction de végétaux modifiés génétiquement pour résister à l’herbicide
Comme le glyphosate tue tous les végétaux, utiles ou nuisibles, Monsanto a mis au point des semences modifiées génétiquement (OGM) pour résister à l’action de leur propre herbicide. L’introduction de maïs, du canola et du soja transgéniques au début des années 1990 a créé une véritable révolution dans le monde agricole et on estime qu’en 2018 au Québec, les cultures OGM représentaient plus de 88% des cultures de maïs, 71% de celles du soja et plus de 90% de celles du canola, une progression extraordinaire en moins de 30 ans! (5) Quelles que soient les décisions des gouvernements concernant l’utilisation d’herbicides sur leur territoire, il ne sera définitivement pas facile de « sevrer » les agriculteurs de semences OGM à grand rendement et de glyphosate dans leurs champs. Déjà la France promet d’interdire le glyphosate, mais seulement lorsque des alternatives auront été trouvées (6). Plus près de nous, François Legault, premier ministre du Québec bien que sensible aux dangers potentiels du glyphosate va « …consulter les agriculteurs aussi parce qu’il y a une question de productivité, de compétitivité avec les agriculteurs qui sont de l’autre bord de la frontière… Donc ce n’est pas un sujet qui est simple » (7).
Utilisation de plus en plus fréquente du glyphosate au moment des récoltes
L’autre problème important avec le glyphosate concerne sa présence dans l’alimentation. Avant l’introduction des semences OGM, le glyphosate était essentiellement utilisé pour tuer les mauvaises herbes pendant la saison morte, entre la récolte d’une année et les semis de l’année suivante. Il y avait donc en principe une contamination minimale des aliments exposés au glyphosate au moment de leur récolte, plusieurs mois plus tard. L’introduction des semences OGM a cependant encouragé l’utilisation du glyphosate tout au long de leur croissance. On utilise maintenant le glyphosate juste avant la récolte, non seulement des plants OGM mais également de plusieurs autres cultures pour accélérer leur murissement, les assécher et faciliter leur ramassage (8). Cette pratique augmente inévitablement les taux de glyphosate dans notre nourriture.
En 2015/2016, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a détecté des traces de glyphosate dans environ le tiers des 3200 produits alimentaires qu’elle a testés (9).
Selon l’agence, à peine 1,6% des échantillons testés contenaient toutefois des taux de glyphosate supérieurs à la limite maximale autorisée, mais même dans ce cas, la contamination ne représenterait aucun danger pour la santé humaine (10).