Souffrez-vous de fibrillation auriculaire?
J’ai été pas mal déconcerté par une publicité apparue à la télévision il y a quelques mois présentant un mini-appareil d’électrocardiographie permettant à tous et chacun de se faire des ECG à volonté dans leur milieu de vie. Dans cette (très) mauvaise publicité américaine traduite à la va-vite, le gueulard de service demandait à des passants « sélectionnés au hasard » s’ils connaissaient la fibrillation auriculaire, leur indiquant qu’ils en souffraient peut-être, que c’est la cause principale des AVC, que c’est dangereux et, en cas d’ECG positif, qu’ils devraient transférer rapidement les tracés d’ECG à leur médecin. Bonne chance au Québec! Le tout était évidemment possible grâce au BLABLABLA Mobile, en vente pour moins que le prix d’un plein d’essence! Ce n’est qu’un parmi des centaines de nouveaux appareils mobiles, le plus souvent couplés avec un téléphone portable et qui peuvent être utilisés pour une série d’auto-diagnostiques allant de la fibrillation auriculaire déjà décrite au diagnostic probable d’un mélanome.
Ça fait plus d’un an que je souhaitais consacrer au moins une partie des Actualités aux analyses de type Point-of-care. Excusez pour ce terme anglais que je trouve cependant plus descriptif que celui « d’analyse délocalisée » ou encore « d’ADBD » transformé récemment en sa version « EBMD », un acronyme obtus de plus dans la longue liste de notre MSSS et de ses CIUSS. C’est évident, qu’EBMD est beaucoup plus clair qu’ADBD!
Mon intérêt récent dans les analyses réalisées par les patients eux-mêmes s’est évidemment accru avec la distribution quasi-illimitée de trousses-maison pour l’autodiagnostic des antigènes du SARS-CoV-2 par les gouvernements dans le contexte de la récente pandémie de COVID-19. J’ai moi-même utilisé les produits disponibles (de deux manufacturiers différents) à quelques reprises en me « pinçant le nez », au propre comme au figuré à chaque fois.
Les biochimistes cliniques, les technologistes médicales et bien d’autres spécialistes de laboratoire rompus aux inspections du BNQ et l’application de normes ISO et CAN/CSA en ont fait probablement autant. Et pourtant, malgré toutes les limitations que l’on pouvait craindre pour l’utilisation de ces tests dans des mains inexpérimentées, les résultats au niveau populationnel semblent plutôt acceptables, en particulier, et sans surprise, pour les individus symptomatiques. C’est du moins l’opinion de la Dre. Nitika Pant Pai du Centre de recherche du Centre universitaire de santé McGill qui a publié en février dernier dans PLOS Global Public Health les résultats d’une méta-analyse sur ce sujet (1).
Selon la Dre Pant Pai, « (les résultats) montrent que l’autodépistage est un outil efficace pour prévenir la transmission du SRAS-COV-2 et suggèrent qu’il a contribué à contrôler les éclosions et à limiter la transmission, en plus de permettre la poursuite du travail pendant la pandémie » Et elle souhaite qu’ « À l’avenir, les agences de santé publique et les gouvernements ne devraient pas hésiter à investir dans des stratégies d’autodépistage précises, rapides, portables et peut-être améliorées grâce à des outils numériques, comme des applications, des sites web et des instructions vidéo, et ce, non seulement pour les virus respiratoires, mais aussi pour les agents pathogènes non respiratoires ».